Moi je plains les politiciens ....

21/05/2012 21:43

 

Je plains les politiciens …

 

Non sans rire, c’est sérieux, C’est pas pour se moquer … je plains vraiment les politiciens.

 

Il y a deux mois, je me suis trouvé par hasard à la table attenante de celle d’un échevin écaussinnois lors du repas annuel de l’école des enfants.

En cours d’agape, celui-ci à avoué à ses compagnons de banc en être à « 14 obligations » pour ce seul week-end …

Partagé entre le sarcasme et la commisération (Deux disciplines dans lesquelles l’affreuse langue de vipère que je suis excelle), je me suis senti prêt à intervenir dans la conversation, signalant qu’il n’y avait pas de raison de se plaindre, puisqu’il y a logiquement deux causes qui poussent généralement  un humain à agir, le plaisir ou le besoin …

 

Le plaisir ??

 

Lorsque je vois le programme de certains édiles en campagne, j’ai peine à croire que l’on puisse par plaisir aller manger cinq fois en deux jours de suite des boulettes sauce tomate (à l’amicale des pensionnés socialistes, aux colombophiles réunis, au patronage Saint Nicolas, au cercle d’aéromodélisme  et à la société pluri-philosophique des dames de Gilles et de paysans réunis), se taper six fancy-fair dont trois avec des danses interminables sur l’air des 4 saisons de Vivaldi, assister à deux représentations théâtrales en patois au profit des œuvres du Rotary local,  visiter les brocantes et les marché aux puces des amicales de boulistes, pongistes, volleyeurs, basketteurs, éclaireurs, scouts et autres faucons rouges… toutes ces activités ayant en commun que l’on y déguste d’infâmes pils tièdes servies dans des gobelets en plastiques … sauf au Rotary bien sur …

 

Je pense que l’on ne doit pas éprouver non plus grand plaisir a passer des soirées à éplucher des dossiers d’urbanismes, de subsides, de comptes annuels, des rapports de CA, de CD, des avis de sous-commissions, des rapports d’expert, j’en passe et des meilleurs … Pas plus marrant d’aller, les jours ou ne lit pas ces dossiers, les défendre, les argumenter, les décortiquer, les pinailler, les controverser dans d’interminables et nocturnes réunions qui vous laisseront fourbus aux premières heures du jour suivant, vous effondrant seul sur votre lit après avoir terminé, harassé, les restes de cassoulet froid de la veille …

 

Si ils ne le font pas par plaisir, ils le font donc par besoin …

 

Quand je vous dis que je plains vraiment les politiciens ...

 

J’entend il y a peu une présidente de parti nouvellement retraitée sur la télévision nationale (Enfin la télé bruxello-wallonne puisque l’autre c’est la télévision flamande) qui ose : « Mon idéal de bonheur a été, est et restera le bonheur de mes concitoyens ». C’est tellement beau qu’on sent que c’est un peu piqué à Cabrel mais bon, fallait oser !

 

Quel beau contre-exemple d’apprivoisement du bonheur ! Nos espérance entre plénitude et harmonie, nos attentes des milles petites merveilles du quotidien … le copain qu’on croise en rue et avec qui on va partager un Orval (chacun), le croissant qu’on mange sur le chemin le dimanche matin en rentrant vers la maisonnée encore endormie, le ciel observé sur la terrasse qui s’empourpre en été à la tombée de la nuit, la ballade avec les enfants en bottes aux étangs à Saint Denis,  les premières fraises du jardin ou les marrons cuits au feu glanés dans le bois de la houssière … Tout ces bonheurs sont balayés chez cette pauvre femme . Elle conditionne son bonheur au bonheur de tous ses concitoyens.

 

J’hésite à dire « Quelle abnégation » ou « Quelle folie »

 

Quand je vous dis que je plains vraiment les politiciens ...

 

Et finalement pour quoi ?

Je pense que c’est là le pire … Non pas pourquoi mais pour quoi ?

 

Il y a bien sur le prestige de l’uniforme. Celui de bourgmestre ou d’échevin est magnifique …Un Habit-frac en drap bleu du roi, doublé en soie blanche; collet droit; une rangée de neuf boutons et broderies en argent. Culotte et gilet de casimir blanc; Chapeau à la française, avec plumes blanches pour les bourgmestres, à plumes noires pour les échevins, avec ganse en argent à graine d'épinards et cocarde nationale. Epée droite le long de la cuisse (nacre et argent) … Guy Cudel fut visiblement le dernier à s’en faire confectionner un … Dommage, ca avait du style …

 

Reste le prestige et la rubanite classique celle de l’écharpe scabinale, mayorale, provinciale, fédérale voir sénatoriale mais honnêtement, vu que j’ai pris un peu d’embonpoint ces dernières années, le tissu rayé coloré en tour de taille ou en sautoir a la fâcheuse tendance de mettre en évidence les poignées d’amour donc les rubans, très peu pour moi.

 

Il doit donc rester à nos pauvres politiciens l’espoir d’être, si pas aimés, pour le moins appréciés de la population, d’une partie de la population car, même en étant dans un parti qui culmine au maximum à moins de 20%, cela signifie qu’il y a en permanence 80 % de la Belgique qui attend de vous un faux pas, une bourde, une connerie, un hymne national français ou un voyage en avion pour vous tomber dessus à bras raccourcis voir pire, vous dénigrer sur la boîte à ragots !

 

Repensant à cette présidente de parti qui conditionne son bonheur à celui de ses concitoyens, donc au mien … J’ai bien envie de lui écrire que je suis triste pour elle … Mais si elle me sait triste, elle ne sera pas heureuse …Ne serait ce pas un dilemme corneillien?

 

Quand je vous dis que je plains vraiment les politiciens ...