Noël, Nouvel-an, je vous hais !

22/12/2015 10:23

A l'heure où quelques élus de l'opposition communale, chef de groupe en tête, se préparent avec d'autres à fêter l'An neuf sans doute "déguisés en grêvistes et délégué syndicaux" comme l'an passé ... probablement pour "rire" (Car c'est évidemment rigolo de se moquer et de mépriser l'action syndicale, la concertation sociale et le cri des gens qui s'indignent en ces périodes de difficultés socio-économiques pour un si grand nombre - enfin rigolo pour eux ... moi je vous rassure, je n'ai pas le même humour) ... 

A l'heure donc où ces fêtes à l'humour mesuré, au bon gras dédié et la bonbance assurée se préparent, je ne peux résister à l'envie et au plaisir de vous publier, avec son authorisation, ce trés beau texte de mon ami Yves Delmail  : 

 

A vous qui me lisez,

Pardonnez-moi si je vous importune avec l’expression du dédain que je ressens pour la plupart de mes semblables, dont le traditionnalisme sectaire montre d’un doigt accusateur ceux ne suivent pas le droit chemin qui mène à leurs temples décadents.
Je hais les fêtes de fin d’années ! 
Honnie soit cette période interlope où le jour débute son combat sur la nuit, où le sacré se mélange au païen, où les marchands du temple viennent jusque dans nos bras exploiter nos fils et nos compagnes.

Noël, Nouvel-an, je vous hais !

En plus, pour contenter et le chrétien de base, et l’anticlérical primaire, les Manipulateurs du Peuple ont cru bon de ne vous espacer que d’une semaine. Alors, l’Homme, assujetti à son instinct grégaire exacerbé par une propagande mercantile, se soumet à la pression sociale qui le pousse à festoyer malgré le réchauffement climatique, l’inexorable montée des eaux et sa fin prochaine. Seuls les miséreux pourront, en avançant comme excuse leur total dépouillement, échapper à ces obligatoires bacchanales.

Exécrable Noël, où les bourgeois bigots, après s’être empiffrés, sortent au bras de leurs bobonnes décorées comme des sapins de Noël, ce qui est de saison j'en conviens, pour aller apaiser leur conscience déjà endormie par une digestion difficile, dans une messe de minuit interminable où un prêtre célèbrera, en risquant une érection, la venue au monde d’un petit garçon juif il y a environ 2015 ans. Les membres pratiquants de l’action laïque s’adonneront aussi, sans honte, à ses agapes qu’ils qualifieront de familiales pour justifier leur incapacité à renoncer à fêter la naissance du Christ tout en claironnant qu’ils ne croient pas à l’existence de son père. Et tous ces bons apôtres s’endormiront ensuite dans la tranquillité de leur confort fragile, alors que, bordel de merde, il est peut-être né le nouveau messie, qui sait ? Suite bien sûr à une nouvelle Immaculée Conception, prouvant ainsi l’inefficacité du préservatif. Il est peut-être là, braillant dans un couloir de la gare du Nord, dans un camp de réfugiés, dans un endroit improbable où règne la guerre, un de ces endroits où son Père permet dans sa grande bonté et son infinie sagesse aux plus fanatiques de ses adeptes de tuer et mourir en son nom.

Après une semaine de faux régime, étouffant de faux remords sur ses excès alcooliques et alimentaires dont l’influence néfaste sur son taux de cholestérol le mène à une mort certaine (qu’il pourra toutefois, grâce à la science, retarder de trois à cinq ans selon le cas), l’Homo Sapiens ressort ses couverts de son lave-vaisselle et redresse la table. Sans distinction de convictions religieuses ou philosophiques, l’Homme, oubliant ses vaines promesses de modération faites quelques jours plus tôt sous l’emprise de la migraine et du reflux gastrique, et libéré d’une certaine réserve que lui imposait l’aspect religieux et/ou familial de Noël, l’Homme laisse alors parler ses plus bas instincts, allant, j’ose à peine le dire tellement c’est bas, jusqu'à servir le foie gras avec un muscadet. D' autres de ses semblables, tels des moutons, se rassemblent sur des agoras illuminées sans respect pour les efforts consentis en économies d’énergie durant l’an écoulé, et assistent béats à des feux d’artifices qui n’ont jamais aussi bien portés leur nom. Hurlant leur joie factice d’avoir franchi un nouveau cap qui les rapproche de leur décrépitude et de leur intégration au cycle de l’azote, ils regagnent ensuite en troupeau, leurs tanières banlieusardes en espérant que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.
Seuls les pauvres, les sans-abris, les exclus ne participent pas à ces réjouissances populacières sous le même prétexte qu’ils ont utilisé pour éviter Noël, montrant ainsi leur manque d’imagination et prouvant aux Bien-pensants qu’ils ne souhaitent pas adopter les coutumes de notre Société qui les accueille si chaleureusement.

Noël, Nouvel-an, je vous hais !

Je ne vous souhaiterai donc pas un joyeux Noël et une heureuse année ; je vous souhaite pour chaque jour qui passe, de profiter des joies qui vous sont offertes, de trouver le courage de surmonter vos peines, et de garder le moral.

Bon, j’accélère la cadence pour rejoindre le peloton duquel je m’étais laissé distancier pour rêver quelques instants que j’étais différent, mais … on va servir la bûche.

 

Yves Delmail.